Ce post va être un peu plus long que les autres. D’une part je me dois de me faire un peu pardonner pour avoir été autant absent ces dernières semaines. Qui ont été assez bien occupées : Californie, Autriche, France… Beaucoup de kilomètres et de RDV. Le clin d’oeuil est que dans mon vol retour Los Angeles – Francfort, j’étais assis juste à coté du DJ des Black Eyed Peas. Il parait que c’est un groupe assez connu. Moi j’ai trouvé ce type super sympa. Son nom de scène est DJ MOTIVE8.
Bref, venons en au vif du sujet, le post de la semaine. En français et sur la photo.
Mais, peut on parler de façon aussi générale de la photo ? Peut on comparer le travail de Don McCullin avec celui de David Hamilton ou de Joe McNally? Je ne le crois pas. Ce qu’elles ont en commun, ces photos, c’est d’avoir été un témoin de ce qu’il y avait devant eux. Mais il faut les replacer dans leur contexte pour bien comprendre la portée ou le sens d’une photo.
Voici Anny-Yolande Horowitz.
Un portrait ultra-simple. Un classique dans le genre photomaton. Un cliché réalisé par un photographe au service de la préfecture de Gironde dans les nnées 40. Une charmante jeune fille aux cheveux magnifiques, au regard clair doux et expressif, aux lèvres sensuelles, une enfant qui laisse déjà présumer une femme belle et séduisante. Qu’elle n’est pas devenue. Cette fille incarne la jeunesse, l’insouciance de l’enfance et son innocence face à un monde qui la dépasse. Elle mourra exterminée à Auschwitz.
Cette photo donne un visage aux victimes. Il ne s’agit plus de la déportation, d’un nombre de victimes. Mais d’Anny-Yolande, née à Strasbourg, qui a eu la malchance de naitre dans un monde fou et injuste. Cette photo prend aux tripes car Anny-Yolande est belle. Et soignée : elle s’est faite belle pour cette photo, comme en témoigne son noeud dans sa coiffure et ses petits gants de laine. Elle incarne l’injustice qui écrase l’innocence.
Juste un photomaton. Un symbole.
Mais, et ma question peu paraître choquante, penserions nous la même chose si Anny-Yolande n’avait pas été si jolie ? Nous toucherait elle de emotionellement de la même façon. Ma réponse personnelle est hélas non. C’est moralement indéfendable, mais je crains que le pouvoir de l’image soit tel que malheureusement, la raison soit battue par l’émotion. Annie-Yolande est morte, je crois en 1942. 64 années plus tard, elle fait l’objet d’un article. Morte si jeune, elle est encore présente. Voilà le pouvoir de la photographie.
La photo du dessus est un agrandissement de la carte d’identité d’Anny-Yolande issue du site de Karl Lagerfeld :
http://www.holocaust-history.org/klarsfeld/French%20Children/html&graphics/T0815.shtml
Il y a donc la photo (modèle, paysage, lumière…), son contexte et le regard que nous avons sur les deux.
Bonne semaine.
more to come…